Je n'en peux plus. Je ne réalise pas ce qu'il m'arrive. Je ne réalise pas que je devrai partir dans quelques jours, quitter ce lit, cette chambre frigo, cette maison, ce quartier, cette ville, cet état, ce pays, ce continent. Ce n'est pas possible, tout ne peut pas s'arrêter du jour au lendemain.
Le rêve a viré au cauchemar la semaine dernière. Je voudrais me réveiller, mais je sais que plus rien ne peut être comme avant, comme au premier jour.
(...)
Je viens de recevoir un mail de Great Aupair. C'est une famille dans l'Oregon. Il y a un petit garçon de 5 ans, handicapé. Il a une paralysie cérébrale. Ca me déprime rien que d'y penser. Est-ce que je serais assez forte ? Mais en même temps, un enfant comme Kate procure tellement de bonheur. Aujourd'hui, elle m'en a encore donné. En rentrant de l'école, on est allé se laver les mains ; elle faisait un drôle de bruit avec sa bouche. Je lui ai dit en anglais : Kate, qu'est-ce que tu as dans ta bouche, qu'est-ce que tu manges ? ouvre ta bouche pour voir... J'ai poussé un de ces cris d'excitation et un IT'S FANTASTIC !!!!! Il y avait une petite dent qui bougeait. Elle s'amusait avec. J'étais tellement excitée que je suis allée le dire à la thérapeute, et j'ai envoyé un message à Kristin et David. J'avais envie de le dire à la Terre entière (c'est un peu ce que je fais avec mon blog).
C'était mon seul beau moment de la journée. Kate a continué ses crises, l'école a écrit un mot du même genre qu'hier ; ils espèrent que ça s'améliorera demain. Je suis allée au sport, j'ai pleuré à l'aller, j'ai pleuré au retour (dans la voiture, seul moment où je me suis retrouvée seule). Parce que je réalisais que le cauchemar de la fin des States tendait vers la réalité.